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Pie bavarde

Une espèce de Pies
Nom scientifique : Pica pica Genre : Pies

Pie bavarde, Une espèce de Pies
Nom botanique: Pica pica
Genre: Pies
Pie bavarde (Pica pica) Photo By sébastien bertru , used under CC-BY-SA-2.0 /Cropped and compressed from original

La description

La pie bavarde est un oiseau intelligent et agile, très commun en Europe. On l'entend souvent jacasser dans les parcs et jardins, notamment lorsqu'elles sont plusieurs. Il est alors facile de reconnaître son cri bruyant et criard, d'où son nom commun de Pie "bavarde". Sa manière de se déplacer est assez rigolotte: elle fait de grands pas suivis de petits bonds, et balance son corps pour garder l'équilibre quand elle est perchée.
Taille
46 - 50 cm
Habitudes alimentaires
La pie bavarde est omnivore : son régime alimentaire peut varier, mais est essentiellement constitué : d'invertébrés (limaces, insectes...) qui constituent plus de 80 % de l'alimentation des jeunes et des adultes (Balança 1984), et près de 100 % de celle des poussins ; de fruits et graines diverses ; d'œufs (pris dans les nids de passereaux) ; de poussins d'autres oiseaux (2 % du régime alimentaire au printemps/été) ; détritus d'origine humaine (surtout en ville, où elle a parfois appris à percer les sacs poubelles) ; charognes (ex : animaux écrasés sur les routes) ; petits vertébrés, occasionnellement petits rongeurs (dont des campagnols), lézards : moins de 1 % des proies. La proportion de ces aliments varie selon leur disponibilité dans le territoire de chaque pie. Elle mange essentiellement au sol, et des proies animales en été. Une hypothèse est qu'elle pourrait profiter des gazons régulièrement entretenus et des basses strates dégagées des parcs urbains, en bénéficiant de proies plus visibles et accessibles, mais ceci n'est pas confirmé par les études faites en Île-de-France. Une étude suédoise a démontré qu'un accès à une nourriture plus abondante et plus riche (poisson mis à disposition par les expérimentateurs) avant et lors de la période de reproduction améliorait la santé et le succès de reproduction des individus qui en bénéficiaient (construction plus précoce du nid, ponte plus précoce, œufs plus lourds, meilleur succès d'incubation et nombre plus élevé d'oisillons que chez les pies-témoins ne bénéficiant pas de ces apports). Dans ce cas, les différences entre succès de reproduction semblent pouvoir être attribuées à la prédation (par les corneilles Corvus cornix L). Par contre le fait d'offrir de la nourriture accessible dans une zone non choisie comme territoire par les pies (dans l'espoir d'induire une réoccupation du site) ne les a pas amenées à venir s'y nourrir. Cette étude a conclu que la pénurie alimentaire semble être (en Suède au moins) le facteur de mortalité le plus important pour cette espèce. On a par ailleurs montré chez la pie que les pontes tardives ou de remplacement d'une couvée ayant échoué produisaient des poussins avec une immunocompétence diminuée.
Habitat
La pie bavarde affectionne particulièrement les lieux riches en bosquets, les petits bois ainsi que - et de plus en plus - les parcs et jardins des zones urbaines, les délaissés routiers et autoroutiers. Dans son aire de répartition, on la retrouve donc dans tous les types de milieux à l'exception des forêts denses. Elle est négativement affectée par la fragmentation écologique des paysages. Elle bénéficie par contre des opérations de rénovation urbaine et de la périurbanisation qui lui offrent des paysages ouverts de parcs arborés. Dans la seconde moitié du XX siècle, la pie tend non pas à déserter les habitats ruraux profonds au profit des espaces verts urbains mais à avoir un taux de fécondité et de survie plus élevés en ville qu'à la campagne, comme on le note aussi pour d'autres corvidés. Les données récentes disponibles confirment que « les fortes densités de pies en ville sont très probablement la conséquence de processus locaux combinant une meilleure fécondité à une meilleure survie des individus et non pas le résultat de déplacements d’individus ». Cette progression urbaine est récente : par exemple, la pie bavarde n'a été observée à Caen (Collette, 1989) et à Paris (Jarry, 1991) qu'à partir de la fin des années 1970. Elle était totalement absente de Paris au début du XX siècle mais considérée comme en expansion dans la région qui était en forte urbanisation à partir des années 1970, parallèlement à une diminution de la densité de corneille noire (Corvus corone), laquelle est un prédateur des œufs ou des jeunes pies. C'est un oiseau qui apprécie de nicher dans de grands arbres proches de zones ouvertes, arbres qui ont régressé dans les campagnes avec les remembrements et le recul des haies et du bocage. Le même constat est fait dans le nord de la Russie, en limite nord de son aire naturelle de répartition. Les villes semblent lui offrir un nombre élevé de strates de nidification plus difficiles à trouver ou à exploiter dans les campagnes. Il est possible que les bulles de chaleur urbaines lui profitent aussi, combinées à la tendance au réchauffement climatique (ex : en Angleterre la date moyenne de ponte était plus précoce de 29 jours en 2003 qu'en 1966). De fortes densités urbaines (8 % environ du territoire en France) ne doivent pas cacher le déclin général des corvidés mis en évidence par les inventaires globaux d'espèces communes (Programme STOC en France).
Type de régime
Omnivore

Informations générales

Comportement

La pie jacasse. Les vocalisations de la Pie bavarde sont variées, mais toujours un peu nasales et rauques, et parfois un peu gémissantes. Le cri d'alarme est un « tché-tché-tché-tché... » en séries rapides et prolongées ; le cri de conversation est un « tcha-ka ! » ou « tchia-tcha » claquants. Comme d'autres corvidés, la pie bavarde, de nature grégaire (en particulier l'hiver), est une espèce bruyante et peu farouche qui aime à vivre dans le voisinage de l'Homme et semble apprécier, et de plus en plus, nicher près des habitations et dans les espaces verts où elle atteint ses plus fortes densités. Elle semble y trouver des habitats ouverts et faciles à prospecter (pour la nourriture) et peut-être une protection contre les rapaces et autres prédateurs. Si elle sait être méfiante et discrète en cas de danger, c'est également un oiseau extrêmement curieux et attiré par les objets brillants ; ce comportement est sans doute à l'origine de sa réputation de voleuse. La pie est un oiseau très sédentaire, plutôt fidèle à son nid (occupé toute l'année ou à chaque printemps) et très territorial en période nuptiale, mais plus social en période inter-nuptiale, où il est capable de se rassembler en petits groupes et de former la nuit des dortoirs de quelques dizaines à une centaine d'individus. Ces dortoirs, parfois bruyants en début de soirée, contribuent à l'impression d'abondance que donnent les pies. D'une année à l'autre, si des adultes reproducteurs se dispersent, c'est à faible distance (dans le même territoire, ou dans un territoire jouxtant le précédent pour 95 % des pies se déplaçant) et, selon Eden, ces stratégies de déplacement ne changent pas dans le temps pour une même pie (Eden, 1987). De même la dispersion des juvéniles est souvent faible (moins de 500 m souvent pour les oiseaux facilement observables) : en moyenne à plus de 2,1 km pour les adultes et jusqu'à 7,9 km pour les juvéniles selon une étude anglaise basée sur les reprises de bagues Ce sont des distances faibles pour des adultes, mais, pour les juvéniles, comparables aux distances parcourues par ceux d'autres espèces urbaines comme le pigeon ramier et la corneille noire (compétiteur principal, plus grand et plus lourd, qui mange des œufs de pies, et leur vole des branchettes de nids, voire - parfois - tue des pies adultes. Cependant quand les corneilles attaquent les pies, elles dépensent beaucoup d'énergie, et il n'est pas démontré qu'elles ont un impact important sur la démographie des pies. En milieu urbain, la pie semble encore plus sédentaire : les données récentes de Seine-Saint-Denis ont confirmé le caractère exceptionnel des déplacements de pies entre espaces verts (« Sur près de 500 pies baguées en trois ans dans les parcs de Seine-Saint-Denis, seulement 4 ont été revues dans des parcs différents du lieu de leur baguage. Aucune ne fut contrôlée ou retrouvée morte en dehors des parcs. »). On pourrait penser ou espérer que les excédents de populations urbaines puissent réalimenter les populations rurales, mais les données de baguage et 16 ans de suivi STOC montrent que non. L'hypothèse que des individus ruraux investissent les zones urbanisées demande à être mieux étudiée, mais est parfois contestée ou ne concernerait qu'un nombre d'individus assez faible. Le territoire d'un couple de pies s'étend sur 1 à 2 hectares en ville, mais peut être chevauché par d'autres territoires de pies, notamment dans les parcs urbains. Il peut atteindre 4 à 5 ha en moyenne dans des habitats plus naturels. Dans tous les cas, cette aire peut être parfois partagée avec d’autres couples ou avec des pies non reproductrices. Cette territorialité est l'un des facteurs d'autorégulation des populations (Wilson 1975). Dans un parc urbain, les pies adultes qui ne trouvent plus de place pour fonder un couple ne se reproduisent pas. Ainsi, selon l'importance des populations, ce sont de 5 à 60 % des effectifs adultes qui ne participent pas à la reproduction. Ces pies (ainsi que les jeunes de l'année déjà indépendants) ne sont pas occupées à la surveillance du nid et des petits et elles sont bien plus mobiles, pouvant prospecter des zones atteignant 18 ha. Elles peuvent occasionnellement remplacer l'un des membres d'un couple (Newton 1998). Les pies ne migrent qu'exceptionnellement mais quelques déplacements de plusieurs centaines de kilomètres ont été mis en évidence par le suivi d'individus bagués lors de grandes vagues de froid en ex-URSS et quelques observations montrent de possibles traversées de la Méditerranée.

Zone de Distribution

La pie bavarde, Pica pica, d'origine holarctique est commune dans toute l'Europe mais aussi en Asie, au nord-ouest de l'Afrique et en Amérique du Nord. L'espèce est plutôt sédentaire mais vagabonde en petits groupes en hiver. Elle est nettement plus rare ou absente en altitude (ex : rare au-dessus de 1 000 m en Rhône-Alpes) et est curieusement absente en Corse alors que des individus traversent parfois la Méditerranée. Elle est incluse dans les trente espèces d'oiseaux les plus répandus en France mais elle est en France plus rare ou absente dans certaines zones chaudes et/ou montagneuses (Savoie ou en Aquitaine) où les monocultures de pins ne semblent pas lui convenir.

Statut des espèces

Bien qu'ils rendent certains services écosystémiques (élimination des cadavres, régulation de certaines de leurs populations-proies), dans une grande partie de l'Europe, les corvidés ont longtemps été mal-aimés considérés comme « nuisibles » car entrant en concurrence avec les pratiques agricoles, d'élevage et de chasse. L'Europe ne dispose pas encore de politique européenne unifiée sur la gestion des espèces à risques économiques, sanitaires ou écologiques. Les espèces à réguler par piégeage ou chasse sont donc d’abord définies nationalement par le ministère chargé de l’environnement et/ou de l'agriculture (à l’échelle d’un pays). Puis, l'autorisation de régulation des espèces ainsi listées est accordée par les services territoriaux de chaque département (préfecture en France) et pour le territoire entier (environ 5 000 km en France) ou certaines parties de ce territoire. Enfin, « la décision de contrôle est individuelle (un piégeur par exemple) et appliquée à l’échelle d’une commune (de l'ordre de 10 km). Par conséquent, la structure d’un paysage ou la gestion d’une espèce est la combinaison de décisions prises à plusieurs échelles spatiale et humaine ». Selon l'ONCFS, avec par exemple plus de 402 000 pies tuées sur la seule saison 1999/2000, la régression observée entre 2001 et 2005 pourrait au moins en partie être expliquée par la pression de piégeage et dans une moindre mesure par la chasse dans les milieux ruraux. Bien que la pie bavarde soit protégée, à l'instar de la plupart des corvidés, dans nombre de pays d'Europe occidentale (dont la Belgique voisine), elle est une espèce non protégée en France, et qui peut donc, dans certaines conditions, être chassée et piégée. À ce titre, elle est inscrite à l'annexe II/2 de la Directive oiseaux. La pie bavarde a été traditionnellement classée « nuisible » dans la plupart des départements français, et donc, à certaines conditions, régulable par piégeage continu tout au long de l'année. La pie est classée nuisible par sa prédation sur certaines espèces de petite faune. Depuis le 1 juillet 2007 le piégeur doit être en possession d'un agrément, avoir une autorisation de la mairie (accordée obligatoirement) ainsi que, s'il ne piège pas dans sa propriété, une autorisation écrite du propriétaire. La notion, péjorative et ne « répondant plus à la sensibilité et aux connaissances actuelles acquises en écologie », d'espèce nuisible, scientifiquement non fondée notamment car ne tenant pas compte des services écosystémiques rendus par la plupart des espèces dites « nuisibles », et administrativement classées comme telles, en raison d'activités concurrentes avec certaines activités humaines, est remise en question au profit de celle d'espèce « à risques » (à risques économique, sanitaire et écologique) définie comme « pouvant poser des problèmes à l’homme ou à son environnement » et « nécessitant des actions préventives de gestion » (that necessitate preventive action). Faute d'outils et méthodes objectifs, la régulation des populations d'espèces dites « nuisibles » « donne lieu en France à des controverses récurrentes, entre pro- et détracteurs, particulièrement en ce qui concerne les petits prédateurs ». Une approche nouvelle, prônée par Levrel, et reprise par F. Chiron, spécialiste de la pie bavarde, pourrait être celle de sciences participatives et de « processus d’apprentissage collectifs », ce qui nécessite des protocoles d’étude, de gestion et de suivi plus robustes, afin de « tester (et évaluer) systématiquement certains choix d’action, qui permettront une adaptation des plans de conservation par apprentissage », avec une gestion basée sur « un processus d’évolution adaptatif et basé sur des faits scientifiques », ce qui demande dans le cas de la pie une connaissance évolutive du fonctionnement spatial et de l’écologie des espèces qui semblent en rapide et importante modification. Un plan de gestion spécifique peut concerner « certaines sous-populations dans le cas d’un fonctionnement en métapopulation ». Les actions de suivi, d'évaluation environnementale des impacts et des actions de gestion sont nécessaires pour notamment ne pas avoir d'effets contre-productifs, mais elles sont rendues difficiles en France par une dynamique de population en cours de modification. Les pies sont plus visibles sur les bords de routes et en ville, mais régressent fortement dans les campagnes. Les suivis pilotés par le CRBPO (issu du Muséum national d'histoire naturelle) sur la période 1989-2001 ont mis en évidence une diminution de 68 % des effectifs de Pie bavarde en France. De plus les actions de piégeage, même massives, se montrent souvent sans effet à moyen ou long terme, avec des effets possibles de piège écologique : par exemple, en Seine-Saint-Denis, bien qu'aucune preuve scientifique n'étayait un impact de la pie dans les parcs urbains, sur l'intuition que leur présence pouvait affecter les populations de passereaux, 774 pies furent tuées dans les espaces verts départementaux de 1998 à 2001 (soit 13 % du prélèvement annuel régional), malgré cela, les effectifs de pies n’ont aucunement baissé. Des approches de gestion intégrées, plus interdisciplinaires et incluant l'écoéthologie et les sciences humaines et sociales sont donc recommandées par les spécialistes. Il s'agit notamment de mieux comprendre et utiliser les déterminants des patrons de distribution et des dynamiques d’évolution de la pie (ressources, piégeage, compétition, parasitisme, régulation par les pathogènes, « seuils d'autorégulation et de stabilisation des effectifs »). En 2014, la pie n'est plus classée nuisible que dans 70 départements, dont 6 partiellement essentiellement par l'arrêté ministériel du 4 avril 2013. De plus les conditions de piégeage et d'accréditation à réaliser cette destruction ont été réellement resserrées : « Le tir s’effectue à poste fixe matérialisé de main d’homme, sans être accompagné de chien. Le tir ou le piégeage ne sont autorisés que dans les cultures maraîchères, les vergers et sur les territoires où (...) des actions visant à la conservation et à la restauration des populations de faune sauvage et nécessitant la régulation des prédateurs sont mises en œuvre. Le tir dans les nids est interdit ». Le Conseil d'État a annulé dans une décision du 30 juillet 2014 (applicable dès sa parution) le classement en espèce nuisible pour la pie dans l'Aube, l'Aude, le Calvados, l'Isère, la Marne, la Seine-et-Marne et le Rhône.
Pie bavarde (Pica pica) Pie bavarde (Pica pica) Photo By sébastien bertru , used under CC-BY-SA-2.0 /Cropped and compressed from original

Scientific Classification

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